11/12/o8- Le Nouvelliste
Les retombées positives pour la côte Sud
Quatre spéléologues américains dont deux professeurs et deux étudiants de Western Kentucky University, ont exploré pendant sept jours la grotte Marie-Jeanne située dans les hauteurs de la commune de Port-à-Piment. Patricia Kambesis, Mike Lace, Dan Noifi et Ben Miller ont fait la cartographie de cette grande caverne à l’initiative du ministère du Tourisme.
Une présence de vie animale adaptée aux profondeurs, des oiseaux nocturnes, des ruches, des roches calcaires, du guano, des engrais naturels utilisés dans la fertilisation des terres, des traces archéologiques…la grotte Marie-Jeanne, située dans les hauteurs de la commune de Port-à-Piment dans le département du Sud, éveille l’intérêt des autorités haïtiennes et des spéléologues américains. En deux ans, à l’initiative du ministère du Tourisme, des chercheurs de Western Kentucky University ont exploré, avec l’aide de quelques Portapimentois, cette grande caverne où dorment d’importantes substances minérales. « C’est une grotte extrêmement significative pour la Caraïbe en particulier pour Haïti », reconnaît Patricia Kambesis, un des quatre spéléologues qui ont exploré Marie-Jeanne pendant sept jours.
En 2007, les chercheurs avaient effectué une première exploration sur une distance de 500 mètres. L’exploration alors jugée peu fructueuse, ils sont revenus cette année avec un équipage plus solide et y ont parcouru 1500 mètres de plus. Ces deux mille mètres de périple constituent jusque-là une exploration de surface par rapport aux profondeurs de la grotte Marie-Jeanne, qui s’étend sur cinq niveaux. « Nous avons exploré jusqu’à présent 2000 mètres et nous n’avons pas encore trouvé le bout de la grotte », a confirmé Patricia Kambesis.
La chercheuse, aussi motivée que ses coéquipiers, dit vouloir continuer la belle aventure en revenant l’année prochaine avec d’autres spécialistes pour une exploration plus poussée. « La prochaine étape, dit-elle, est de revenir et de continuer l’exploration cartographique et de mener aussi les études géologiques appropriées. » Interrogée sur les motifs de ces explorations en série, la spéléologue avance : « Nous cherchons à comprendre la formation des grottes et sensibiliser les citoyens sur la nécessité de les protéger ». Pour ce faire, elle caresse même l’idée d’emmener bientôt un des membres de l’équipe de gestion de Marie-Jeanne visiter d’autres grottes aux Etats-Unis, dans le souci de protéger cette grande caverne qui domine les hauteurs de Port-à-Piment.
La grotte Marie-Jeanne est un véritable chef-d’oeuvre architectural. Selon les spécialistes, cette grande caverne aurait pris naissance au 3e âge géologique (période où toutes les grottes du monde auraient été créées). Elle est constituée presque essentiellement de roches calcaires qui forment de magnifiques colonnes de stalactites et de stalagmites sous l’action ruisselante d’eau de pluie.
Il existerait également à l’intérieur de ce grand édifice, selon des natifs de Port-à-Piment, certaines substances minérales, comme le sulfate de fer, le quartz, (pierre entrant dans la fabrication des vitres, de montres et d’horloges) ; des coquillages, des ruches, des rayons de miel, et quelques variétés d’oiseaux nocturnes.
Au cours de cette année, plusieurs groupes d’étudiants anthropologues venant de la Faculté d’ethnologie ont, eux aussi, effectué des visites guidées à l’intérieur de ce grand édifice façonné par les images surprenantes créées par les roches calcaires.
La grotte Marie-Jeanne a aussi une valeur spirituelle très significative pour les religieux de la zone, qui y viennent souvent pour pratiquer des cultes dans les salles où ils peuvent accéder.
Jean Max St Fleur
jmsaintfleur@lenouvelliste.com