Les EFACAP fers de lance de la qualité de l’éducation

(Source: http://www.lenouvelliste.com/article.php?PubID=1&ArticleID=74748#Suite

(Nouvelliste: 6 Octobre 2009)

Haïti: Les Ecoles Fondamentales d’Application/Centres d’Appui Pédagogique (EFACAP) sont peu ou mal connues du grand public et c’est dommage, car elles représentent une initiative ministérielle, soutenue au niveau des investissements par les bailleurs internationaux (ACDI, Initiative Développement, Banque Interaméricaine de Développement, Union Européenne, FODES), visant à renforcer le secteur éducatif public, garant de l’équité de l’accès à l’éducation. Rappelons que le droit à l’éducation est constitutionnel et que, du fait du faible pourcentage d’écoles publiques et du coût souvent excessif des écoles privées, le système éducatif haïtien se trouve ainsi en contradiction avec la Constitution, ce qu’une récente initiative sénatoriale a mis en exergue en proposant au gouvernement de régulariser et de contrôler les frais de scolarité du secteur privé.

Si l’on entend souvent dire que l’engouement pour le secteur public est davantage provoqué par sa gratuité que ses performances, les EFACAP font mentir cet adage comme leurs résultats pour l’année académique 2008/2009 nous le révèlent. En effet, ces écoles fondamentales publiques viennent d’enregistrer des résultats remarquables, jugeons en plutôt : Dans le département du Sud le lauréat des lauréats vient de l’EFACAP de Port-à-Piment avec une moyenne de 8.37 sur 10. Le 6ème lauréat du département vient quant à lui de l’EFACAP de Michel Lazarre, avec une moyenne de 7.99. L’année dernière, l’EFACAP de Jérémie, à Grand’Anse, a obtenu un score de 100% de réussite à l’examen de 9ème année. Cette année, toujours dans le même département, l’EFACAP de Dame-Marie a obtenu le meilleur score aux examens de 9ème année. Dans le Nord, les EFACAP enregistrent un taux de réussite aux examens de 9ème se situant aux alentours de 90% avec une mention spéciale pour l’EFACAP de Grande-Rivière qui a obtenu 100%.
Mais il serait fastidieux de continuer à aligner des chiffres et voyons plutôt quels sont les principes qui guident ces établissement et qui expliquent ces résultats.

Les EFACAP sont constituées de deux entités complémentaires : l’EFA, Ecole fondamentale d’Application et le CAP (Centre d’Appui Pédagogique).

L’EFA tout d’abord : Ecole Fondamentale d’Application. Ecole fondamentale, car il s’agit de la mise en place d’une des mesures phare de la réforme Bernard : aux 6 classes de primaire on rajoute 3 classes supplémentaires afin de garantir la maîtrise des apprentissages fondamentaux, que l’élève arrête sa scolarité ou la poursuive en secondaire. Ecole d’application parce que les EFACAP doivent accueillir des enseignants stagiaires. Ceux qui sont en poste sont tous normaliens ou issus des centres de formation spécifiques au fondamental, les CFEF : Centres de Formation pour l’Ecole Fondamentale. Ainsi ces EFA sont des creusets de méthodes pédagogiques modernes, visant l’excellence, et, de ce fait, doivent rayonner sur les écoles de leur réseau et leur servir de modèle.
Le CAP : Centre d’Appui Pédagogique ensuite : constitué au plan humain de 3 conseillers pédagogiques et au plan matériel de salles de formation et pour certaines EFACAP de dortoirs pour recevoir les enseignants en formation – stages et formation continue -, cette disposition permet de mettre en réseau une vingtaine d’écoles associées qui sont visitées régulièrement par les conseillers pédagogiques et dont le personnel est également accueilli pour des formations dans les locaux du CAP. Ces écoles du réseau des EFACAP sont également bénéficiaires de dotations en fournitures (manuels, kits, matériel didactique, mobilier…) effectuées soit par le Ministère, soit par le bailleur.

Dans ce CAP, les directeurs et enseignants des différentes écoles associées des réseaux EFACAP reçoivent un ensemble de modules de formation professionnelle et disciplinaire conforme au plan de formation du ministère totalisant plus de 250 heures de formation, qui les forme ou les renforce dans les compétences et habiletés nécessaires pour un encadrement sérieux des élèves en salle de classe.
On voit ainsi, tant par le niveau des enseignants recrutés et formés que par la présence de conseillers pédagogiques dédiés particulièrement à ces structures, l’importance qui est accordée au niveau de qualification des enseignants. Or toutes les études internationales le prouvent : l’enseignant est le pivot de la qualité de l’éducation.
Citons encore le fait que ces établissements possèdent tous une bibliothèque pourvue en livres de loisirs destinés à susciter le goût de la lecture chez les élèves, une salle informatique dotés d’ordinateurs connectés à internet, un terrain de jeux, des salles de classe claires et spacieuses etc.. en bref réunissent les conditions maximales de réussite des élèves. On comprendra dans ces conditions que le résultat, après 3 ans d’existence, commence à se faire sentir. Il reste cependant, maintenant que ce concept a fait ses preuves, à l’étendre…. Souhaitons que les bailleurs soutiennent cette initiative du MENFP afin que, dans un souci d’équité, le maximum d’élèves puisse non seulement être scolarisé sans frais de scolarité discriminants, mais puisse également l’être dans un environnement scolaire favorisant au maximum les apprentissages, y compris et surtout pour les plus défavorisés à qui l’école publique doit s’adresser en priorité.
Alain CALOSCI Ph.D
Coordonnateur du Programme d’Appui à la Qualité de l’Education (PARQE) financé par l’Union Européenne
Calosci@gmail.com