Le grand départ de Mlle. Elvire Damas

by Madeline Lamour

Chers amis de Port-à-Piment,

Le 20 décembre dernier, l’église de Port-à-Piment a sonné  le glas pour saluer le départ de Mademoiselle Elvire Damas, une des matrones de notre ville.

Mademoiselle  Elvire fut un bel exemple de l’importance et l’influence qu’une seule personne peut avoir dans la vie des membres de sa famille et de sa communauté, Elle fut  une bénédiction dans la vie de la plupart de ceux qui l’ont connue. C’était une visionnaire qui voyait en chacun un brillant futur.  Ce désir de voir les gens accomplir le meilleur d’eux-mêmes n’était pas limité seulement à ses proches. Mademoiselle Elvire étendit son dévouement sur diverses communautés de la côte sud. Sa carrière d’institutrice l’emmena aux Coteaux, aux Anglais, à Chardonnières, à Tiburon et bien sûr, à Port-à-Piment ou elle devint directrice. Mademoiselle Elvire dirigea l’Ecole Nationale des Filles comme c’eût été un projet familial. Elle lui donna tout- littéralement.  Elle en fut la doyenne comme elle fut la doyenne  de la ville de Port-à-Piment. Grâce à elle, des milliers de jeunes ont  reçu une éducation primaire adéquate les préparant pour un avenir meilleur. Elle forma des éducateurs diligents et  efficaces à qui elle passa la relève à la  fin de sa longue carrière. Mademoiselle Elvire joignit divers comités à Port-à-Piment, excepté ceux dont les buts politiques limiteraient son désir de faire le maximum de bien. Au lieu de se soumettre aux desiderata d’un seul parti, elle avait son propre parti: celui qui veillait au progrès de sa communauté et le développement de la jeunesse – sans oublier, la paix dans les mariages, le respect des femmes, le soins des anciens! etc. Mademoiselle Elvire avait une soif inétanchable pour le progrès et l’excellence et elle etait en faveur des progrès techniques qui permettent de mieux accomplir une tâche avec intelligence.

Mademoiselle Elvire n’était pas seulement une éducatrice dévouée, elle était aussi, un chef d’entreprise avisé, une commerçante, la marraine d’une multitude d’enfants et de mariages, la confidente des gens au pouvoir et des humbles résidents des contrées éloignées.  Quand on voyageait avec elle, on se rendait compte qu’elle était bien connue et admirée sur toute la côte Sud et sur la route menant vers Port-au-Prince. Et oui, Mademoiselle Elvire adorait les voyages. Elle revenait de ses voyages à  l’étranger chargée d’énergie et de nouvelles connaissances pour faire changer les choses qui retenaient la vie de sa communauté dans la pauvreté ou l’antiquité. Elle demandait le changement avec audace, tact mais sans relâche. Par exemple, ses visites à Roger Lamour, Inspecteur Départemental de L’Education Nationale, n’étaient pas seulement la visite d’une belle-sœur à son beau-frère. C’était aussi celle d’un leader communautaire préconisant un changement inévitable. Et si ses démarches aux Cayes ne lui obtenaient pas le changement désiré, elle n’hésitera pas d’aller adresser sa plaidoirie dans les bureaux du Ministère de L’Education Nationale où elle était très connue et admirée. Mademoiselle Elvire pensait que les gens de sa communauté meritaient  le meilleur que la vie avait à offrir. Ce fut le sujet de ses prières trois fois par jour!

Certificate of recognition awarded to Retired Educators.

 Mademoiselle Elvire Damas a vécu une longue et bonne vie. Mais, sa vie ne fut pas sans difficultés. Elle a éprouvé beaucoup de pertes d’êtres chers, et subit des changements de fortunes douloureux. Cependant, elle fit face aux défis quotidiens dans la prière et la soumission à la Parole de Dieu. Sa joie dans ses derniers moments venaient de vous tous: ses neveux, nièces, filleules et filleuls, amis et voisins qui prirent soin d’elles, l’appelaient pour papoter, et la visitaient.

Mademoiselle  Elvire fut une servante exemplaire de sa communauté, un pilier et un phare qui a éclairé nos vies pendant des décennies. Elle va nous manquer profondément mais son exemple de service et de dévotion à ses prochains, son don pour bâtir et unir les communautés, sa joie de vivre ont laissé en tous ceux qui l’ont connue, une onction indélébile. Merci Tante Elvire. Hop pop pop!   

Madeline Lamour